Accorder aux travailleurs une douzaine de jours de congé par année pour des raisons de santé reproductive permettrait aux employeurs et à l’ensemble de la société d’économiser des milliards de dollars chaque année, selon une étude australienne.
Dans une analyse commandée par le Health Services Union, un syndicat australien du secteur de la santé, le Bankwest Curtin Economics Centre a constaté qu’il en coûterait environ 920 millions de dollars australiens par an pour faire de 12 jours de congé de santé reproductive un droit universel des employés, mais qu’il en coûte environ 26,55 milliards de dollars chaque année en l’absence d’un tel droit.
Cela rend donc le coût de l’absence de droit au congé de santé reproductive presque 30 fois plus élevé, argue le syndicat, qui fait campagne pour que ces congés soient inclus dans les normes nationales d’emploi en Australie, rapporte The Guardian.
Les motifs qui peuvent justifier un congé lié à la santé reproductive sont nombreux : douleurs menstruelles, endométriose, fécondation in vitro et autres procédures liées à la fertilité, fausses couches et interruptions de grossesse, vasectomies et hystérectomies, etc. Il se distingue du congé parental ou encore du congé de maladie classique.
Kate Marshall, secrétaire nationale adjointe du Health Services Union, estime qu’un tel congé changerait la donne pour les femmes souffrant de règles douloureuses, de ménopause et d’autres problèmes de santé gynécologique. « Le système actuel laisse trop de travailleurs face à un choix douloureux : souffrir en silence au travail ou prendre un congé non rémunéré, explique-t-elle. Le congé de santé reproductive est une question d’équité, de dignité et de bon sens économique. »
L’étude révèle également qu’une femme sur sept est atteinte d’endométriose, que 64 % des femmes d’âge moyen présentent des symptômes de ménopause, 17 % d’entre elles étant obligées de prendre un congé prolongé en raison de symptômes graves, qu’un bébé sur 18 naît grâce à des techniques de procréation assistée et qu’un tiers des femmes subissent des fausses couches.
Le Curtin Economics Centre estime que le coût du présentéisme est particulièrement élevé, les femmes souffrant de douleurs menstruelles intenses perdant environ neuf jours de productivité par an et les femmes présentant de graves symptômes de ménopause travaillant 25 % moins.
Une autre étude réalisée en 2023 par l’organisation à but non lucratif Jean Hailes, spécialisée dans la santé des femmes, avait conclu que 47 % des Australiennes ont ressenti des douleurs pelviennes au cours des cinq années précédentes, et que près de la moitié d’entre elles (45 %, soit 21 % de l’ensemble des Australiennes) avaient dû prendre un congé ou une pause prolongée du travail ou des études pour gérer la douleur.